Fabien Toulmé, président du jury du prix BD de la Porte Dorée 2025
L’auteur de bande dessinée, à qui l’on doit notamment la série de BD documentaire L’Odyssée d’Hakim basée sur le témoignage d’un réfugié syrien, répond à nos questions à l'occasion de la 5e édition du Prix BD de la Porte Dorée dont il préside le jury.
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Fabien Toulmé
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© Vollmer Lo
Que représente pour vous le prix BD de la Porte Dorée ?
Fabien Toulmé : Avant d’accepter, j’ai lu la ligne éditoriale de ce prix qui récompense des ouvrages consacrés aux thématiques humanistes, de solidarité, de conscientisation de sujets très sérieux. Tout cela m’a intéressé. Car nous sommes dans un moment où l’on a besoin d’humanité, de solidarité, de s’intéresser à l’autre, aux gens dont on n'a peu l’occasion de parler, ou qui ont peu l’occasion de s’exprimer. Mettre la focale sur d’autres histoires me paraît très important.
Que nous raconte la sélection de cette édition ?
F.T. : C’est une sélection qui illustre bien tout ce qu’on peut faire en bande dessinée – un médium qui a beaucoup évolué et gagné en ampleur ces dernières années. On peut tout raconter en BD, le spectre des histoires et du graphisme est assez large. Cette sélection montre que l’on peut aborder les thématiques de l’exil et des migrations avec des tonalités très différentes.
Quels conseils donneriez-vous à un ou une jeune auteur(e) de BD qui voudrait s'emparer des thématiques au cœur des enjeux du musée ?
(exil, immigration, colonisation, discriminations, histoire nationale,...)
F.T. : Je lui dirai d’aller chercher de la sincérité, de l’humilité, de la simplicité. De mettre ce qu’il veut faire au service de l’histoire qu’il veut raconter, en étant convaincu de ce qu’il veut dire et raconter. C’est déjà le cas dans une pratique artistique, mais il y a toujours un risque d’être déconnecté. Là, il faut un supplément d’âme, car on ne raconte pas ce genre d’histoires à moitié. L’aspect émotionnel et logistique peut être important quand on dépend du récit de quelqu’un, d’interviews et de témoignages recueillis sur le terrain. Cela demande de l’énergie, donc il faut faire cette BD car on y croit vraiment et que ça nous tient à cœur. Il y a du doute dans toute forme d’art, mais quand on est investi pour soi, ou pour la cause qu’on défend, cela permet de dépasser ce doute.
Propos recueillis par Gladys Marivat