Olivia Elkaïm, présidente du jury de la 17e édition du Prix littéraire de la Porte Dorée
L'écrivaine et journaliste, autrice notamment du Tailleur de Relizane et de Fille de Tunis sur ses aïeux originaires d’Algérie et de Tunisie, répond à nos questions à l'occasion de la 17e édition du Prix littéraire de la Porte Dorée dont elle préside le jury.
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Olivia Elkaïm
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© Adélaïde Yvert
Que représente pour vous le Prix littéraire de la Porte Dorée ?
Olivia Elkaïm : Ce prix littéraire est une ouverture sur le monde, sur des mondes. Il permet de découvrir des histoires singulières, des manières de raconter l’exil, la multiplicité des identités et des origines, les enjeux de la colonisation et de l’immigration. Il nous oblige à nous questionner : d’où venons-nous ? Qui sommes-nous ? Qui est cet autre qui m’interpelle ? Pour moi, ce prix se caractérise par deux mots : l’humanisme et la poésie.
Que nous raconte la sélection de cette édition ?
O.E. : Cette sélection est d’une grande richesse. On y découvre des histoires dans lesquelles on plonge avec délice ou effroi. On vibre, on pleure. On a envie de tourner les pages pour suivre le destin de personnages inoubliables. Ces livres nous donnent envie de prendre l’auteur ou l’autrice dans les bras. Chacun de ces ouvrages charrie une émotion qui lui est propre. J’ai envie que tous soient récompensés ! Cette sélection nous permet de voyager dans les langues de chaque auteur mais aussi sur des continents. On lit des histoires venant du continent africain, d’Europe et d’Asie, aujourd’hui et hier. L’intime s’entremêle au collectif, l’Histoire à la mémoire. On se rend compte que l’Autre n’est ni étranger ni étrange, il est une partie de soi. Il nous révèle à nous-mêmes. Enfin, il y a une dimension politique qui traverse chaque livre, et qui doit nous interroger. Que faisons-nous de notre histoire commune ? Savons-nous intégrer au récit national les murmures des exilés, des déplacés ?
Quels conseils donneriez-vous à un ou une jeune écrivain(e) qui voudrait s'emparer des thématiques au cœur des enjeux du musée ?
(exil, immigration, colonisation, discriminations, histoire nationale,...)
O.E. : Je dirai à ce jeune écrivain que dévoiler le sentiment plus intime, raconter l’histoire la plus personnelle et la plus enfouie lui permettra de donner à son roman sa dimension la plus universelle. Je lui dirai aussi qu’en cette matière, toute vérité est bonne à dire, que ces thématiques méritent qu’on regarde le pire en face et qu’on le décrypte de manière poétique. Car le roman, grâce aux émotions qu’il nous fait ressentir, permet de faire émerger des vérités parfois inaccessibles aux journalistes et aux historiens. Je lui dirai que regarder le passé lui permettra d’éclairer le présent. Je lui dirai enfin qu’il lui faudra du courage pour affronter ces thématiques mais que ça en vaut la peine pour lui, pour sa famille, pour ses lecteurs.
Propos recueillis par Gladys Marivat