Quatre récits du Liban
La sélection culturelle du mois convoque les souvenirs, les témoignages et les créations de 4 artistes autour d'un pays. De l'enfance en pleine guerre civile à l'expérience de l'exil et des souvenirs diffus en passant par le rapport à la mémoire transgénérationnelle, 4 œuvres poignantes et singulières racontent le Liban.
Dirty, Difficult, Dangerous - Wissam Charaf
Film de Wissam Charaf avec Clara Couturet, Ziad Jallad et Darina Al Joundi (France, Italie, Liban, Qatar) 2023, 1h23
Ahmed, réfugié syrien, espérait trouver l’amour en Mehdia, une femme de ménage éthiopienne. Mais à Beyrouth, cela semble impossible...
Ce couple de réfugiés sentimentaux réussira-t-il à trouver sa voie vers la liberté alors qu'Ahmed, survivant de la guerre en Syrie, semble rongé par un mal mystérieux qui transforme son corps peu à peu en métal ?
Projection du film suivie d'une rencontre avec le réalisateur le mercredi 12 avril 2023 au Musée
Mauvaises herbes - Dima Abdallah
Roman, 2020, 240 p., 20€, Sabine Wespieser - Roman sélectionné pour le Prix littéraire de la Porte Dorée 2021
Dehors, le bruit des tirs s’intensifie. Rassemblés dans la cour de l’école, les élèves attendent en larmes l’arrivée de leurs parents. La jeune narratrice de ce saisissant premier chapitre ne pleure pas, elle se réjouit de retrouver avant l’heure « son géant ». La main accrochée à l’un de ses grands doigts, elle est certaine de traverser sans crainte le chaos.
De sa bataille permanente avec la mémoire d’une enfance en ruine, l’auteure de ce beau premier roman rend un compte précis et bouleversant. Ici, la tendresse dit son nom dans une main que l’on serre ou dans un effluve de jasmin, comme autant de petites victoires quotidiennes sur un corps colonisé par le passé.
Le dernier roman de Dima Abdallah, Bleu nuit, est sélectionné pour le Prix littéraire de la Porte Dorée 2023
Beyrouth-sur-Seine - Sabyl Ghoussoub
Roman, 2022, 320 p., 20,50€, Éditions Stock
Lorsque le narrateur décide de questionner ses parents sur leur pays d’origine, le Liban, il ne sait pas très bien ce qu’il cherche. La vie de ses parents ? De son père, poète-journaliste tombé amoureux des yeux de sa femme des années auparavant ? Ou bien de la vie de son pays, ravagé par des années de guerre civile ? Alors qu’en 1975 ses parents décident de vivre à Paris pendant deux ans, le Liban sombre dans un conflit sans fin. Comment vivre au milieu de tout cet inconnu parisien quand tous nos proches connaissent la guerre, les attentats et les voitures piégées ?
Incisif, poétique et porté par un humour plein d’émotions, Beyrouth-sur-Seine est une réflexion sur la famille, l’immigration et ce qui nous reste de nos origines.
Mourir, partir, revenir. Le jeu des hirondelles - Zeina Abirached
Bande dessinée, 2015, 160 p., 21€, Éditions Cambourakis
"Nous sommes à Beyrouth, dans les années 80, au 38 de la rue Youssef Semaani, et plus précisément, dans l’entrée de l’appartement du premier étage. Comme c’est la pièce la plus sûre de la maison – et donc de l’immeuble, puisque l’appartement est au premier étage – tous les voisins sont là aussi.
Dans cette entrée il y a l’histoire de chacun des personnages, l’histoire qu’ils ont en commun, celle du microcosme qu’ils forment et l’histoire de la moitié de ville que Beyrouth était devenue. Dans cette entrée, il y a aussi une tenture. Dans cet intérieur exigu où elle est présente d’abord en toile de fond, elle matérialise petit à petit la guerre qui fait rage à l’extérieur. Cette tenture est le fil conducteur de l’histoire que je raconte." - Zeina Abirached