Trois questions à

Rachid Benzine, président du jury du Prix littéraire de la Porte Dorée 2025

L'auteur répond à trois questions à l'occasion du Prix littéraire de la Porte Dorée 2025 dont il préside le jury.

Rachid Benzine

Legende

Rachid Benzine

Credit

© Astrid di Crollalanza

Pouvez-vous vous présenter ?

Rachid Benzine : Je suis professeur à Sciences-Po, romancier et depuis quelques semaines président du jury du Prix littéraire de la Porte Dorée.

Qu’est-ce que le Prix littéraire de la Porte Dorée vous inspire ?

R.B. : Tout d’abord, se retrouver président du jury ici, en tant que fils d’immigrés, avec toute la charge historique et mémorielle que ce lieu représente, c’est une belle attention, au sens de la philosophe humaniste Simone Weil. Ensuite, c’est un honneur de me retrouver dans un jury composé de deux romancières, distinguées par ce prix en 2024, Seynabou Sonko et Élise Goldberg. Enfin, surtout, j’ai trouvé formidable cette séance de délibérations avec les ambassadeurs de deux classes de 1ère, l’une au lycée Jean Jaurès de Montreuil, l’autre au lycée international de l’Est parisien à Noisy-le-Grand. Dans la manière dont ils défendaient les romans, j’ai vu un geste d’espoir.

Dans cette sélection, nous avons eu sept beaux romans à défendre, dans lesquels la question d’habiter le monde, des frontières, des minorités a été importante. Ce sont des romans en résonance avec tous ces effondrements que nous sommes en train de vivre, et qui donnent l’impression que la reconstruction est déjà à l’œuvre. Le roman devient aujourd’hui ce lieu privilégié pour refonder quelque chose, à portée de main, que l’on a encore du mal à formuler, mais que l’on peut approcher grâce à des auteurs dont les récits ouvrent l’imagination.

Quels conseils donneriez-vous à de jeunes gens qui auraient envie de devenir romanciers ?

R.B. : Je leur dirais d’écrire au moins chaque jour, quinze minutes. Dans un bus, dans une salle de sport, ils observent, ils écrivent. L’écriture vient au fur et à mesure, dans la manière singulière d’appréhender le monde. Il faut retrouver cette facilité qu’on avait gamins à écrire très rapidement de la poésie. Il faudrait retrouver cet étonnement à chaque fois dans l’écriture, que chaque scène donne l’impression que c’est la première fois qu’on la voit.

Propos recueillis par Gladys Marivat