Trois questions à

Fanny Michaëlis, présidente du jury du Prix BD 2025

L'autrice répond à trois questions à l'occasion du Prix BD de la Porte Dorée 2025 dont elle préside le jury.

Fanny Michaëlis

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Fanny Michaëlis

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© L. Debeurme

Pouvez-vous vous présenter ?

Fanny Michaëlis : Je suis autrice de BD, illustratrice pour la presse et l’édition, et musicienne. Je suis née en 1983, aux Lilas. J’ai commencé mes études à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts en section peinture, avant de poursuivre en section BD à l’Institut Saint-Luc à Bruxelles. Mes trois premiers livres sont parus aux éditions Cornélius. Puis, j’ai développé mon travail d’illustratrice, en diversifiant mes collaborations avec la presse (Le Monde, Libération et Le Temps) et l’édition. J’ai fait des couvertures de livres et des affiches, notamment celle de l’exposition La BD à tous les étages à Pompidou, ainsi que des albums jeunesse. Mon prochain livre, Et c’est ainsi que je suis née, sort chez Casterman en août. C’est une BD de 180 pages au crayon, en noir et blanc.

Que diriez-vous de la sélection du prix BD 2025 ?

F.M. : D’un point de vue narratif, il me semble que la tonalité de la sélection est celle de la BD documentaire, avec des récits soit journalistiques (Le Murmure de la mer, d’Hippolyte), soit autobiographiques (Racines, de Lou Lubie, Chroniques du Grand Domaine, de Lili Sohn, et Lebensborn, d’Isabelle Maroger), soit historique (La Belle de mai, de Mathilde Ramadier et Elodie Durand). Dans le cœur des autres, de Kamel Khélif ouvre une autre perspective vers la fiction.

Sur le plan graphique, chaque ouvrage est très différent et montre bien une certaine diversité du paysage de la bande dessinée actuelle – de la ligne claire à la peinture à l’huile, en passant par l’aquarelle, la bichromie et le collage.

Enfin, la sélection BD reflète bien la mission du Musée national de l’histoire de l’immigration : donner à voir et à entendre la pluralité de la mémoire et de la société françaises, et de celles et ceux qui la font.

Quels conseils d’écriture donneriez-vous à une personne qui se lancerait dans la BD ?

F.M. : La curiosité est la formation qu’il faudrait renouveler à chaque instant, dans sa pratique artistique comme au sens large. Nous sommes à un tournant, où il est difficile de ne pas s’interroger sur notre responsabilité face à la diffusion des idées réactionnaires et d’extrême-droite. Les voix qui résistent sont menacées, et les récentes coupes budgétaires pèsent sur les travailleuses et travailleurs de la culture. Les artistes-auteurs sont en première ligne de cette précarité. L’engagement dans le collectif me semble plus que nécessaire aujourd’hui.

Propos recueillis par Gladys Marivat.