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Décès du photographe Rajak Ohanian

Le Palais de la Porte Dorée salue la mémoire du photographe Rajak Ohanian, décédé le 7 novembre 2023.

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Portrait du photographe Rajak Ohanian
Rajak Ohanian
© Marion Ohanian

Le Musée national de l'histoire de l’immigration souhaite rendre hommage à l’artiste Rajak Ohanian, disparu récemment. Le Musée a acquis en 2008 l’une de ses œuvres majeures, la série Portrait d’une PME. Sa démarche photographique est placée sous le signe de la rencontre et de l’échange, donnant lieu à la réalisation de portraits empreints du respect du photographe pour son modèle. Ses photographies rendent compte de l’état du monde à partir de situations géographiques, sociales ou économiques singulières, partant du local et du quotidien pour aller vers l’universel. Elles constituent une forme de « document social » d’où émanent sagesse et sérénité.

Avec ces prises de vues, j’ai voulu mettre en valeur la dignité de chacune de ces personnes” Rajak Ohanian à propos de Portrait d'une P.M.E.

Rajak Ohanian est né à Lyon en 1933, de parents arméniens émigrés dans la région au cours des années 1920, suite au génocide de 1915. Il apprend la photographie au début des années 1950 et réalise ses premières images pour des metteurs en scène de théâtre tel Roger Planchon, tout en menant un travail personnel, comme Les Fils du vent (1958), enquête photographique sur le rassemblement gitan aux Saintes-Maries de la Mer.
En 1999, Rajak Ohanian s’installe neuf mois dans une entreprise, pour photographier ses “acteurs”. Cette série, composée de 32 portraits en pied grandeur nature, met en scène de façon simple le personnel d’une PME à Lyon, spécialisée dans l’impression sur tissus, un secteur économique en voie de disparition. Chacun fait face à l’objectif avec en toile de fond le tissu imprimé qu’il a réalisé le jour même. Rajak Ohanian conduit son projet avec l’ensemble du personnel, aussi bien les ouvriers que les employés et la direction. Par son échelle, Portrait d’une PME met en valeur la dignité des personnes représentées et réinterprète le genre du portrait, rompant avec le constat froid et mécanique des conventions de la représentation.

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Portrait d'une femme debout devant un fond en tissu
Portrait d'une P.M.E., Rajak Ohanian, 1999. Christine VASSEROT, secrétaire. Coll. Musée national de l'histoire de l'immigration
© EPPPD-MNHI
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Portrait d'un homme debout devant un fond en tissu
Portrait d'une P.M.E., Rajak Ohanian, 1999. Marc KRUCZEK, conducteur de rame apprêteur. Coll. Musée national de l'histoire de l'immigration
© EPPPD-MNHI

L’artiste nous renseigne sur l’univers particulier de cette PME adoptant une approche comparable à celles des enquêtes sociologiques, avec un angle esthétique. Le monde du travail industriel, peu représenté en art, n’est pas traité ici de manière dramatique : les personnes sont toutes représentées dans une posture de repos et sous une lumière égale.
Une dizaine de photographies issues de cette série sont présentées dans le nouveau parcours permanent du Musée national de l’histoire de l’immigration, mettant en valeur l’unité de cette entreprise composée en partie d’employés d’origine étrangère.

En savoir plus sur la série Portrait d’une PME de Rajak Ohanian

" Prendre le temps de la rencontre. De les connaître, de nous connaître. Établir une relation. Ne plus être un « étranger ». Je n’étais pas du village, pas quelqu’un de passage non plus. Je partageais le temps avec eux. Je quittais le théâtre, où je photographiais des comédiens, des situations répétées ; des gestes répétés pour aller vers des gens ordinaires. Autre chose. Comme plus tard, en 1999 pour le « Portrait d’une P.M.E. » où je me suis installé dans une entreprise d’impression sur tissus de la région lyonnaise pour y photographier ses trente-deux « acteurs ». "

Rajak Ohanian à propos de Portrait d’un village (1987) et Portrait d’une P.M.E.
« Alep par Rajak Ohanian », entretien mené par la journaliste Ingrid Perbal paru dans la revue Qantara en avril 2007