Un aquarium au 21e siècle, est-ce bien raisonnable ?
À l’heure où notre relation au vivant est profondément repensée, les lieux qui présentent des animaux sont de plus en plus questionnées, sur le plan éthique notamment. Dans ce contexte, quelle sont les raisons d’être d’un aquarium aujourd’hui ? Sont-ils le vestige d’un imaginaire révolu, ou un outil essentiel pour comprendre, préserver et transmettre ?

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Photo : Anne Volery © Palais de la Porte Dorée
Cette soirée propose un temps de réflexion collective sur les enjeux que soulèvent les aquariums de nos jours. Conservation des espèces menacées, connexion au vivant, éveil à l’écologie, question du bien-être animal : quels sont les rôles que ces lieux peuvent encore jouer ? Et comment penser leur avenir dans un monde en crise ?
Avec ...
- Charles-Edouard Fusari, Directeur de l’Aquarium tropical et coordinateur de programmes de conservation de poissons de rivières malgaches
- Jean Estebanez, Maître de conférences en géographie à l’Université Paris-Est Créteil, auteur de Zoos, aux lisières du domestique (CNRS, 2025)
- David Wahl, écrivain, dramaturge et interprète, auteur associé à Océanopolis
Zoos, aux lisières du domestique de Jean Estebanez
Il y a dans le zoo un jaillissement de la vie et son contrôle, un surgissement de la beauté animale et sa représentation, une irréductible part du sauvage et sa domestication. Tour à tour spécimens, marchandises, ornements, reliques, banques de gènes, les animaux y sont pourtant d’abord désirés pour leur présence vivante. Cette puissance de la rencontre possible, dans des conditions sans équivalent, traverse le projet du zoo, explique les émerveillements et les controverses qu’il suscite. Comment capter la vie animale ? Comment présenter le sauvage sans l’absorber ? Comment les intéresser à notre présence et en retour apprendre à être affectés ? Comment enfermer et sauvegarder ?
Cette enquête au long cours, menée auprès des soigneurs, des visiteurs, des animaux de près de soixante zoos montre qu’ils ne sont pas qu’un espace d’exploitation, ni de conservation du futur, mais avant tout des élevages, c’est-à-dire des espaces de vie en commun. Les zoos portent une forme de trouble, qui est peut-être l’objet même de la visite, par la tension qu’ils laissent constamment s’exercer entre vie et mort, joie et regrets, sauvage et domestique.
Une lecture située sur la centralité et l’ambivalence du processus domesticatoire dans nos liens aux animaux.