À voir, à lire

Portraits de femmes

Elles sont souvent les oubliées de l'histoire migratoire... (Re)découvrez trois films forts dont les femmes sont les héroïnes.

La Noire de...

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Film "la noire de"

Ousmane Sembène (1966)

C’est l’histoire de Diouana, jeune femme pauvre employée comme garde d’enfants dans une famille française de Dakar, peu après l’indépendance du Sénégal. Plusieurs fois primé et lauréat notamment du prestigieux prix Jean Vigo, La Noire de... a révélé le cinéaste Ousmane Sembène (1923-2007). Le long-métrage raconte le quotidien et les désillusions de Diouana, venue rejoindre la famille sur la Côte d’Azur pour les vacances d’été. La jeune femme, si fière d’avoir trouvé un emploi « chez les Blancs » a rêvé de la France. Elle se retrouve bonne à tout faire, humiliée par ses patrons, cloîtrée dans l’appartement. « Mais où sont les enfants ? », s’interroge-t-elle. Portrait tragique d’une femme à la fois douce et rebelle, La Noire de... est une charge virulente contre le néocolonialisme. D’abord écrivain, Sembène a commencé à tourner des films pour donner plus d’écho à ses messages. Il démarre avec ce film, formellement inspiré par le néoréalisme italien et la Nouvelle vague, le combat d’une vie.

La Blessure

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Film La blessure

Nicolas Klotz (2003)

La blessure, c’est d’abord celle, physique, faite à la jambe de Blandine sur le tarmac de Roissy. Cette jeune Congolaise sans visa est l’héroïne de ce film de Nicolas Klotz écrit par Élisabeth Perceval, qui sont tous deux très engagés sur la question migratoire. La blessure, c’est aussi la violence administrative et physique infligée aux demandeurs d’asile bloqués dans la zone d’attente de l’aéroport, avant des papiers provisoires ou une expulsion. La violence des fouilles à nu, des documents qu’il faut signer sans les comprendre et des reconduites musclées dans les avions. Voix off et plans fixes racontent ces vies en attente dans le squat où Blandine rejoint son mari et d’autres sans-papiers. Le film raconte le combat de la jeune femme pour redonner du sens à sa vie.

Fatima

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Film "Fatima"

Philippe Faucon (2015)

Fatima a deux filles qu’elle élève seule et qui font sa fierté, une étudiante en médecine et une ado rebelle. Pour assurer leur avenir, elle multiplie les heures de ménage. Un arrêt de travail la pousse à écrire en arabe tout ce qu’elle ne peut pas dire en français à ses filles. Philippe Faucon, qui a fait de l’intégration un sujet central de son œuvre, a remporté trois César avec ce film. Fatima révèle l’importance de la barrière linguistique qui isole la quadragénaire jusque dans sa famille. Il dresse le portrait d’une mère Courage lumineuse.